Laurence

Mon amour de la langue française

landing.a105babe-1.png

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été passionnée par la langue française, par ses accents, ses sonorités, ses écrits, son histoire. Déjà toute jeune, je donnais des cours de toutes sortes à mes poupées et toutous; j'étais incroyablement excitée par mon nouveau logiciel de correction et d'aide à la rédaction tout juste déballé un matin de Noël; je raffolais des concours de vitesse organisés par mes parents pour chercher des mots dans le dictionnaire (mon petit frère ne peut certainement pas en dire autant, j'en ai bien peur).

Les livres ont toujours fait partie de mon quotidien et de mon décor. Avant même de savoir lire, je m'émerveillais devant les pages, me fascinais pour les histoires racontées par mes parents. J'essayais de deviner les mots qui m'étaient présentés et j'inventais de nouvelles péripéties à mes personnages préférés. J'ai d'ailleurs eu la chance d'avoir des parents passionnés par la lecture, qui m'ont mis entre les mains des livres de toutes sortes, qui m'ont permis d'explorer la littérature à mon rythme, qui ont réussi à créer des moments magiques en famille lorsque, chaque soir, l'un d'eux nous lisait un album ou nous racontait des histoires inventées, à mon frère et à moi. Adolescente, j'ai lu tout ce que leur bibliothèque contenait et ma relation avec les livres est devenue vitale. Les romans, surtout, sont devenus des objets d'art à mes yeux, ils se sont mis à s'empiler un peu partout dans mon espace, à emplir mon imaginaire, à me permettre de mieux gérer mes émotions et à combler certaines de mes insécurités, car pour être timide, je l'étais! En fait, la lecture et l'écriture ont réellement changé ma vie, me permettant de m'évader et de rêver grand!

Ma passion pour la langue française a toujours été flagrante. Au cours des années, j'ai eu la chance d'être grandement stimulée par ma famille et par les enseignants passionnés qui ont su piquer ma curiosité et faire germer de grands rêves quant à la transmission et le partage de ma langue et de ma culture.

L’apprentissage de la langue et ses difficultés

Je dois admettre que j'ai toujours eu de la facilité avec l'apprentissage du français (contrairement à celui de l'anglais, qui me donnait des sueurs froides et m'empêchait de dormir plus souvent qu'autrement!). Je sais néanmoins que ma belle langue donne du fil à retordre à plusieurs étudiants et apprenants, et qu'elle provoque des crises d'urticaire chez certains, avec toutes ses règles et avec ses exceptions encore plus nombreuses et complexes!

Je sais pertinemment que je ne pourrai jamais transmettre à tous mon amour infini pour la langue, mais j'ai comme dessein de trouver le petit élément qui (r)accrochera chacun de mes élèves au plan linguistique. Ce petit détail qui leur permettra de dire qu'ils ne détestent finalement pas totalement le français, que ce soit par l'entremise du jeu, de la musique, de la lecture (autant de romans, mangas, BD, articles de magazine ou de journal que de textes scientifiques ou techniques), du sport, de la vente (maîtrise du discours oral) ou du rap (qu'on aime ou non le style, cette forme de poésie requiert une grande habileté linguistique après tout). L'essentiel, pour moi, est de déterminer quels sont les besoins de chacun en matière d'apprentissage de la langue, et de permettre aux élèves d'atteindre leurs objectifs dans un cadre que je souhaite informel, ludique, réconfortant, agréable et, surtout, centré sur les intérêts et la personnalité de chacun.

Mon parcours scolaire

Alors que certaines personnes savent depuis toujours le métier qu'ils veulent exercer, dans mon cas, la réflexion a été complexe, et le parcours, sinueux. J'aime toutefois dire que c'est ce qui en fait sa richesse, au final!

J'ai débuté mes études à Sherbrooke en études littéraires et culturelles, baccalauréat pendant lequel j'ai eu la chance de compléter, en France, une année extraordinairement enrichissante à l'Université Marc Bloch, à Strasbourg. S'il y avait bien une chose que je savais depuis toujours, c'était que je rêvais de voyages, d'exotisme, de contacts de cultures et d'apprentissages interculturels. Mon rêve d'étudier en France était né des suites d'une trouvaille-souvenir lors de mes 11 ans, alors que je mettais la main sur plusieurs cartes postales rédigées par mon père lors de son échange étudiant, en 1974, et adressées à mes grands-parents. J’étais émerveillée par les paysages magnifiques, les tonnes de souvenirs écrits à la main et soigneusement conservés. Je découvrais une petite partie du monde à travers le regard de mon père alors dans la mi-vingtaine. Les multiples discussions, anecdotes et découvertes qui s'ensuivirent ont eu de grandes répercussions dans ma vie : j'ai commencé à collectionner les cartes postales, à rêver de parcourir le monde et à visualiser mes études à l'étranger.

Mon choix d'aller vivre et étudier une année en France allait de soi : j'étudiais en littérature, je raffolais de l'accent français (ou plutôt de ses nombreux accents), de la culture, de la musique et de la cuisine françaises, et j'espérais pouvoir m'inscrire à la maîtrise en linguistique à mon retour. J'ai donc passé à Strasbourg l'une des années les plus intenses, rocambolesques, merveilleusement remplies et enrichissantes de ma vie. J'ai appris à repousser les limites de ma patience et de mon lâcher prise grâce à la bureaucratie française. J'ai découvert une ville misant sur la culture et l'ouverture. Et j'ai eu de véritables coups de cœur pour tous ces éléments qui en font sa renommée : l'élégance de sa cathédrale; l'accueil chaleureux et la simplicité des Strasbourgeois; ses spécialités culinaires (ses Flammekueches : des tartes flambées crème fraîche et lardons et ses délicieusement parfaits pains d'épices); les paysages de bord de l'eau (puisque la ville est entourée d'une jolie rivière appelée l'Ill); la magnificence de son marché de Noël (je n'ai sincèrement jamais rien vu de plus beau et féerique!). Strasbourg reste pour moi synonyme de décors absolument paradisiaques. Cette année-là, en plus de tous les apprentissages que j'ai faits, autant au plan académique que personnel, j'ai pu faire une panoplie de voyages avec des personnes formidables et provenant des 4 coins du globe.

Dès mon retour, j'ai complété, en un an, ma maîtrise de type cours en langue française, socioculture et variation linguistique. J'ai alors rédigé un essai intitulé « Incursion du côté des mots à syllabe rédupliquée : Approche lexico-sémantique », sous la direction de Mme Gaétane Dostie. Me sentant incapable d'entrer sur le marché du travail et n'ayant pas encore trouvé exactement ma voie, j'ai entamé une maîtrise, de type recherche cette fois, en études françaises avec un cheminement en linguistique, bien qu'ayant complété la scolarité, je n'ai finalement jamais déposé de projet de mémoire.

J'ai ensuite décidé de m'inscrire à une attestation collégiale en Communication et surdité, programme offert au Cégep du Vieux Montréal et permettant d'apprendre les bases de la langue des signes québécoise (LSQ). Mon objectif était de pouvoir me spécialiser pour travailler avec les enfants sourds oralistes. Ce programme d'études m'a permis de me familiariser avec l'histoire et la culture sourdes, de découvrir une toute nouvelle culture ainsi qu'une nouvelle langue, encore plus belle et plus riche que ce à quoi je m'attendais. Mais ces apprentissages ont aussi été très confrontants et déstabilisants pour moi. Le fait d'être timide et introvertie m'a fait prendre conscience du fait que pour s'exprimer en LSQ, il fallait être à l'aise dans sa peau et utiliser son corps quasi-entier pour communiquer. Plus que de l'apprentissage théorique, les professeurs nous mettaient dans des situations concrètes d'expérimentation dans lesquelles on devait sauter à pieds joints et s'investir physiquement. Ma gêne a pris le dessus et, malheureusement, cette année-là, je ne me suis pas sentie à la hauteur de mes attentes. Néanmoins, cette expérience me confirmait ma volonté de travailler au développement du langage chez des enfants (sourds) ou avec des enfants ayant des troubles de langage.

Avec ma nouvelle attestation en poche, je suis rentrée sur le marché du travail, où on m'a offert un poste comme coordonnatrice aux communications. J'y ai fait de la rédaction, de la révision, de la gestion de site Web, de la promotion d'événements, de la coordination de revues techniques, etc. J'aimais les tâches diversifiées qu'on me confiait, mais je sentais que, émotionnellement, cet emploi ne répondait pas à mes aspirations. Il faut dire que, de nos jours, plusieurs communications passent par les médias sociaux et les Internets… alors que ce que moi je recherchais, c'était les communications humaines et axées sur la relation d'aide.

Après de longues réflexions et quelques années en milieu professionnel, j'ai pensé que c'était l'orthophonie qui était faite pour moi. C'est alors que j'ai amorcé un long, très long processus pour soumettre ma candidature à la maîtrise en orthophonie. Comme les années avaient passé et que je ne répondais plus aux critères d'admissibilité très stricts de la faculté de médecine, je suis retournée sur les bancs d'école pour faire un deuxième bac. Dans le cadre de ce bac multi, je me suis spécialisée en sciences du langage, en travail social et en psychologie. Plusieurs des cours que j'avais faits en linguistique au deuxième cycle ne pouvant m'être crédités, je devais refaire ces mêmes cours au premier cycle. Ainsi, mon refus en orthophonie, des suites d'erreurs et de difficultés bureaucratiques insurmontables, marquait la fin de mon épopée universitaire. Je devais prendre un moment pour digérer cette déception, revoir mes priorités et savoir si j'allais m'investir de nouveau à temps plein dans les études pour soumettre ma candidature l'année suivante ou plutôt me trouver un emploi.

C'est pendant ce processus de réflexion que j'ai eu mon illumination. Pourquoi ne pas créer, sur mesure, l'emploi de mes rêves? Pourquoi ne pas monter mon entreprise, devenir ma propre patronne, choisir mes contrats, clients et élèves, et ainsi avoir un travail qui répondrait en tous points à mes attentes et valeurs?

Les origines de Francologie

Dès 2005, j'avais suivi un cours de relation d'aide pour devenir tutrice au Centre d'aide en français du Collège Lionel-Groulx. C'est à cette époque que j'ai commencé à aider mes pairs en français, puis à donner de petites leçons à droite à gauche, à faire de l'aide aux devoirs, à travailler dans des groupes de recherche, à offrir mes services de correctrice et à m'investir dans toutes sortes de projets portant sur la langue. Chaque année, en plus de mes études et/ou de mon travail, je continuais d'offrir quelques cours et tutorats en français. Je me faisais aussi un plaisir de corriger les travaux de mes amis à l'université et de commenter leurs pratiques avant leurs présentations orales officielles. J'avais toujours fait tout ça comme à-côté de mon occupation principale, parce que j'adorais ça. Je m'y sentais utile et compétente. Vers 2015, une famille d'origine chinoise a emménagé tout près de chez mes parents, et des voisins m'ont proposé de les aider dans leur apprentissage de la langue et dans leur intégration dans notre beau quartier. Je les ai rencontrés alors qu'ils ne parlaient pas un mot français, et à ce moment, mes cours de linguistique et de langue des signes québécoise m'ont immensément servi. Grâce à nos signes, nos mimiques, nos mimes, notre gestuelle respective, nos dessins et nos schémas de toutes sortes, mais surtout, à force de patience et d'ouverture, on arrivait peu à peu à se comprendre. On s'émerveillait de chaque apprentissage, de chaque découverte, de chaque surprise. C'est ce sentiment incroyable de fierté, que je ressentais en assistant à l'éclosion du langage chez mes élèves, qui m'a mis la puce à l'oreille.

En fait, avec les vagues récentes d'immigration dans nos belles régions québécoises, plusieurs familles et nouveaux arrivants sur le territoire doivent apprendre le français s'ils veulent pouvoir être fonctionnels en société et entrer sur le marché du travail, mais également s'ils veulent favoriser leur intégration au Québec, où la langue est un des éléments clés d'une identité québécoise forte. La demande se faisant de plus en plus grande, et le bonheur que les cours me procurent étant évident, c'est ainsi que j'ai commencé à caresser l'espoir de fonder une petite compagnie qui me permettrait d'aider les nouveaux arrivants, de miser sur la transmission linguistique et de travailler avec une clientèle aussi diversifiée qu'enrichissante. En effet, depuis mes débuts, j'ai eu la chance de collaborer avec des apprenants âgés de 5 à 61 ans et provenant du Brésil, de la Chine, du Costa Rica, de la France, d'Haïti, de l'Iran, de l'Irlande, de l'Italie, du Liban, du Maroc, du Mexique, du Salvador, du Québec et de milieux anglophones (Montréal, Gatineau, Ontario, Toronto, États-Unis, etc.), entre autres! Rien de plus édifiant pour moi que ce contact des cultures et cette volonté partagée d'apprendre ou d'améliorer son français.

En plus de toute cette diversité et des apprentissages quotidiens et réciproques, j'ai l'immense chance d'enseigner une matière que j'aime plus que tout et de pouvoir m'adapter au rythme et aux besoins de chacun de mes élèves, puisque la plupart des cours se donnent individuellement ou en petit groupe. C'est en effet un privilège et un avantage, car un enseignant ne peut généralement pas se le permettre lorsqu'il a trente élèves ou étudiants de niveaux différents devant lui. Et à mes yeux, il n'y a pas d'argument plus précieux que ce dernier, car cette adaptation personnalisée aux besoins et au rythme d'apprentissage de chacun, c'est ce qui me permet de faire une réelle différence dans la vie de mes élèves!